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Nous les syndics marseillais, soyons à la hauteur

Laure Pecquet

Lundi 5 au matin, nous avons tous été pris d’effroi.

Au fur et à mesure, nous avons compris que le pire avait bien eu lieu.

Nous qui gérons et entretenons ces immeubles du centre-ville, nous dont c’est le métier nous avons pris cette nouvelle en pleine gueule, car nous n’imaginions pas que cela soit possible.

Cela nous a fait peur. Cela a fait peur à nos équipes, à nos clients.

Nous ne passions plus rue d’Aubagne ou alors très occasionnellement, car nous ne gérons plus d’immeubles ou d’appartement rue d’Aubagne, rue Jean Roque ou rue du musée. Nous sentions que nous ne pouvions pas les gérer normalement. Nous sentions que la situation pouvait nous échapper.

Malgré les barrières érigées pour sécuriser notre travail, à maîtriser l’information, nous aurions pu être syndic d’un de ces immeubles.

Tout le monde savait et cela durait depuis 30 ans :

Tout le monde savait que ces immeubles étaient mal construits, mal entretenus, s’appuyaient les uns sur les autres et étaient difficiles à gérer.
Tout le monde savait que certains propriétaires bailleurs de ces immeubles étaient les plus « rapaces » ou les plus pauvres.
Tout le monde savait que ce quartier s’est vidé de la plupart des « propriétaires occupants responsables » à cause de la saleté et des dealers installés depuis 15 ans (je ne sais si cela continuait ces derniers mois)
Tout le monde savait que les délais de l’administration ne sont pas adaptés à ces situations et qu’ils n’aident en rien les acteurs.
Bref, tout le monde savait et nous n’avons rien fait si ce n’est fuir la gestion de ces immeubles pour échapper à ces situations que nous redoutions.

Donc maintenant nous savons que :

Les solutions ne peuvent être que la responsabilité et la transparence :

Certains attendent tout de la puissance publique. Ils croient qu’il y a encore des fonds pour intervenir sur ces sujets. Nous non.

Pour synthétiser et finir :

L’immobilier est le secteur le plus régulé + notre ville est également l’une des plus pauvres + certains immeubles dans les mauvais quartiers de son centre-ville sont en mauvais état + Marseille est la métropole la plus écrasée d’impôts locaux + certains immeubles dans les mauvais quartiers de son centre-ville sont en mauvais état + leur état ne cessera de s’aggraver avec leur âge + les acteurs de contrôle sont des administrations + nous sommes dans une logique de non-responsabilité des locataires, des propriétaires et des professionnels =
Les politiques doivent donner le cadre, mais c’est à tous les acteurs d’être responsables et responsabilisés.

C’est notre responsabilité de trouver des solutions, de nous engager avec ceux qui ont le courage de s’y investir.

Pour finir, j’ai été choqué par ces extrêmes des réseaux sociaux qui se servent de cette catastrophe pour imposer leurs avis politiques, leurs petits intérêts individuels et partisans sans aucune mesure dans leurs propos. Ils ne cherchent qu’à diviser ou à faire monter la haine. Je me suis même fait piéger parfois par la colère en leur répondant.

Je préfère donc m’intéresser aux solutions concrètes de terrain plutôt qu’aux aboiements stériles.
Seules ces solutions concrètes feront que Marie-Emmanuelle, Fabien, Simona, Julien, Taher, Niasse, Cherif et Ouloume ne seront pas morts pour rien. Soyons à la hauteur de leur mémoire.

Crédit Photo Laure Pecquet

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